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  • Writer's pictureAriane Caron-Lacoste

La vie, le tricot, et tout le reste

Updated: Aug 12, 2019


Quand j'ai lancé ce blogue il y a environ une dizaine d'années, j'étais à l'université. Je tricotais dès que j'en avais l'occasion. En réalité, je créais l'occasion. Je tricotais beaucoup, oui, mais j'y pensais tout le temps, surtout. Je noircissais les pages de mon cahier de sketchs et de modèles. Je notais des idées de posts pour mon blogue sur des coins de page. Je publiais des designs. Je consultais mes sites pour voir le trafic augmenter, les mailles des projets se monter, les commentaires s'accumuler, les likes s'ajouter. J'avais des collaborations avec des teinturières. J'avais des amies tricoteuses. Je parlais à des gens de partout sur la planète. Je faisais partie d'une communauté.

Sometimes I can't sleep because I think too much about knitting.

J'avais du fun.


Un jour, un poids s'est fait sentir sur mes épaules. J'étais stressée. J'étais obligée. J'avais des deadlines. J'avais pu de fun. Je ne le savais pas encore à ce moment-là, mais je tombais en dépression.

J'ai laissé tombé mes aiguilles. Je suis partie.


Tant de choses se sont passées depuis.


Je suis entrée sur le marché du travail. Je suis éditrice et je collabore avec des gens bourrés de talent. L'étudiante que j'étais jadis n'aurait pu s'imaginer qu'un jour elle aurait une carrière aussi valorisante.


Je suis devenue maman. Maxence, 5 ans, est un garçon extraordinaire. Il est à la fois ma personne préférée et celle qui m'exaspère le plus. Souvent, je l'observe à la dérobée pendant qu'il est dans son petit monde. J'écoute les histoires qu'il se raconte, là, entre des petites voitures et des doudous. Je me demande à quoi peut bien ressembler la vie à travers ses yeux.


Je me suis séparée. Cette épreuve difficile aura marqué ma feuille de route au feutre indélébile.


Et j'ai rencontré quelqu'un.


J'ai entrepris une thérapie, qui dure depuis plus de 2 ans.


J'ai recommencé à rêver.


Aujourd'hui, je me sens un peu plus légère.


***


Il y a quelques mois, je devais vider et défaire des boîtes. J'étais déjà bien emménagée chez mon chéri et il restait encore du ménage à faire dans mon stock, dont ma laine, confinée dans des bacs, que j'avais gardée toutes ces années.

Je redoutais ce moment. Affronter mon stash m'angoissait. Le tricot, je l'avais quitté d'une manière assez cavalière. J'avais filé à l'anglaise et n'avais donné peu ou pas de nouvelles, à personne. J'avais honte.


J'ai pris une grande respiration, j'ai sorti mes échéveaux.


Il y a peu de moments semblables dans une vie.

Tout revient, d'un seul coup, la vague qui submerge. Je suis engloutie.

Les idées, les nuits passées à imaginer, la laine qui glisse entre mes doigts, le mouvement apaisant des aiguilles.

L'excitation, l'enthousiasme, le délire.

Je redécouvrais toute une partie de ma vie.

Je brillais.


Oh, tricot, comme tu m'avais manqué.


Mon stash.

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